Accueil Demain 100 propositions pour le monde d’après

100 propositions pour le monde d’après

par Fabrice Deblock

Pas un jour sans que le « monde d’après » ne soit évoqué dans une tribune, un article de presse, un post Facebook… Les initiatives se multiplient, et c’est tant mieux. Gros plan sur les propositions avancées par Entreprises pour l’environnement, le Réseau Action Climat, Le Pacte du Pouvoir de vivre, Nous les premiers, Le temps est venu et The Shift Project.

1) Entreprises pour l’environnement

À l’initiative de Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur Directeur général de BNP Paribas et Président d’Entreprises pour l’environnement, plus de 90 dirigeants d’entreprises françaises et internationales (dont Bernard Arnault, P-DG de LVMH) appellent à une mobilisation collective pour faire de la relance économique un accélérateur de la transition écologique.

Dans une tribune parue dans le Monde daté du 5 mai 2020, les entreprises signataires rappellent que la crise du Covid-19 est intervenue “à un moment où la transformation de notre économie s’engageait en réponse aux enjeux du dérèglement climatique et de la perte de la biodiversité, pour prévenir d’autres crises majeures annoncées par la communauté scientifique”.

Les entreprises rappellent qu’elles gardent “leurs ambitions collectives en matière de transition écologique” et réaffirment “les engagements pris depuis plusieurs années, la continuité de cet effort est une condition de sa réussite”. La tribune d’Entreprises pour l’environnement met en avant trois axes principaux pour le “monde d’après” :

  • Soutenir de manière renforcée les secteurs qui permettent de mobiliser des emplois nombreux et contribuent à la préservation de l’environnement : rénovation énergétique des bâtiments, développement des mobilités décarbonées, expansion et le stockage des énergies renouvelables et décarbonées, électriques ou chaleur,
  • Rendre les outils industriels en Europe plus résilients, les décarboner et réduire leur empreinte carbone,
  • Démultiplier les efforts de recherche, d’innovation, de démonstrateurs industriels et d’industrialisation de solutions d’avenir (bioéconomie, hydrogène, réutilisation de gaz carbonique).

2) Réseau Action Climat

Le Réseau Action Climat est le représentant français d’un réseau mondial et européen d’ONG qui regroupe près de 1 300 membres à travers la planète dont le CCFD, le CLER, France Nature Environnement, la LPO, Zero Waste France…. Le réseau fait remarquer qu’à la crise sanitaire ne doit pas succéder une crise économique, financière et sociale. “Un plan de sauvetage de court-terme, dont certains éléments ont déjà été mis en place, est indispensable […]”.

Mais “la sortie de la crise sanitaire peut et doit s’accompagner d’un changement de cap économique“, rappelle le document publié par le Réseau Action Climat. Ce document met notamment en avant la nécessité d’une relance de l’activité économique résiliente et structurée autour de la transition écologique. “Le Plan de sortie des crises devra fixer un agenda de transformation mêlant investissements, régulations et signal-prix. En Europe, cela passe par un renforcement de l’ambition du Green Deal européen”. La résilience du “monde d’après” s’appuie notamment sur :

La relocalisation d’une partie des productions industrielles et agricoles (médicaments, textile, agriculture, alimentation…) dans le but de réduire nos “émissions importées”, qui échappent aux budgets carbone, mais qui représentent environ 60 % de l’empreinte carbone des Français.

La transformation de l’économie française pour qu’elle soit compatible avec l’urgence climatique, sanitaire et la préservation des ressources et des milieux. Cela passe notamment par :

  • La mise en place de mesures fiscales et mécanismes d’investissements ciblés pour les technologies de rupture, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables dans l’industrie. 
  • L’émergence de produits “bas carbone” et à moindre impact environnemental par l’évolution des normes visant à interdire progressivement certains modes de production et en prescrivant des taux de matières recyclés par filière.
  • L’accompagnement de la sortie du tout voiture : baisse du nombre de voitures, report modal vers des modes de transport moins émetteurs, transformation des usages et ruptures technologiques

L’orientation de la demande vers des produits et pratiques plus durables. Cela repose notamment sur : 

  • Une commande publique intégrant des critères, voire des quotas “de matériaux 100% verts” (exemples : acier “vert” dans les véhicules, bois issus de forêts certifiées FSC, ciment “ vert” dans le bâtiment) 
  • Un soutien de la consommation de produits durables par les ménages (prolongement de la durée de vie des produits, via notamment l’augmentation de la durée de garantie légale ; application du taux de TVA réduit pour les transports publics collectifs…).

3) Le Pacte du Pouvoir de vivre

Près d’une soixantaine d’associations, syndicats, fondations et mutuelles ont mis en commun leurs idées au sein du Pacte du Pouvoir de vivre. 66 propositions en sont ressorties qui se décomposent en quatre parties :

  • Refaire société (26 propositions) : garantir l’accès à un logement digne, combattre les inégalités dans l’éducation et la formation, rendre le travail plus émancipateur, construire un bouclier de services publics dans tous les territoires, renforcer la solidarité intergénérationnelle…
  • Remettre l’exigence de solidarité et de justice sociale au coeur de l’économie (17 propositions) : créer une économie et une finance vraiment responsables, redonner du sens au partage des richesses, engager une réforme de la fiscalité pour plus de justice, appliquer le principe de pollueur/payeur à tous, utiliser de nouveaux indicateurs de richesse
  • Réconcilier transition écologique et justice sociale pour construire un avenir partagé (11 propositions) : développer des mobilités plus durables et sortir de la dépendance aux énergies fossiles, organiser la transition écologique dans les territoires et anticiper les mutations de l’emploi, instaurer une fiscalité écologique solidaire et sociale, adopter un plan d’investissement dans la transition écologique…
  • Partager le pouvoir pour mieux agir (12 propositions) : permettre l’expression et la participation de tous les citoyen(ne)s, co-construire les politiques publiques, partager le pouvoir dans les entreprises, accroître le droit d’expression au travail.

4) Nous les premiers

Ce sont de simples citoyens, des membres d’associations, des maires, des présidents de régions et de départements, des élus locaux, des syndicats… Ils ont fait parvenir une lettre ouverte à Emmanuel Macron et ont publié une tribune dans le JDD le 11 avril 2020 dernier pour lui dire qu’ils sont prêts à dessiner avec lui un chemin qui tire toutes les leçons de la crise Covid-19.

Ils proposent une méthode démocratique en trois étapes pour élaborer un plan de relance juste et durable, puis un grand plan de transformation de la société.

  • Permettre à chaque citoyen de participer à construire le “monde d’après” en faisant entendre son point de vue et ses idées à travers des canaux de contribution divers
  • Mettre en place des Fabriques de la Transition au niveau local ainsi qu’un Conseil National de la Transition
  • Préfigurer une Assemblée Citoyenne du Futur dont la mission sera de définir les grands principes d’un plan de transformation du pays

5) Le temps est venu

A l’initiative de la fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme, le site “Le temps est venu” regroupe 59 personnalités appelant à un changement d’esprit et de modèle pour que “le monde d’après ne soit pas la copie conforme du monde d’hier”. Parmi ces personnalités : Pierre Rabhi, Muhammad Yunus, Cyril Dion, Vandana Shiva… “Le temps est venu” met en avant 5 propositions et 100 principes. Les 5 propositions sont :

  • Le temps est venu d’une Europe des solidarités : mettre la puissance européenne au service d’une sortie de crise écologique et solidaire via, notamment, la création d’un fonds européen de relance et de transformation écologique de plusieurs milliers de milliards d’euros
  • Le temps est venu de financer la transition dans les collectivités territoriales : mettre en place une dotation exceptionnelle de plusieurs milliards d’euros aux collectivités territoriales françaises en faveur de la création d’emplois, du lien social et de la transition écologique
  • Le temps est venu de passer du libre-échange au juste échange : mettre fin aux accords de libre échange par l’Union européenne et d’interdire l’entrée en Europe de produits fabriqués selon des normes contraires à celles de l’UE
  • Le temps est venu de relocaliser en France et en Europe : relocaliser des chaînes de valeur en France et en Europe : batteries, production de panneaux solaires, la diversification agricole et alimentaire au niveau des territoires…
  • Le temps est venu de demander des contreparties environnementales aux soutiens budgétaires : demander un engagement explicite en faveur de la transition écologique et sociale en contreparties des mesures budgétaires et outils économiques offerts aux acteurs économiques

Ces 5 propositions pour le “monde d’après” sont assorties d’une liste de 100 principes allant de “Transcender la peur en espoir” à “Entendre la jeunesse et apprendre des anciens”.

6) The Shift Project

L’association d’intérêt général The Shift Project travaille actuellement sur un plan de transformation de l’économie française. Ce plan consiste à modifier en profondeur les activités essentielles de chacun d’entre nous (se nourrir, se loger, se déplacer, se soigner, travailler, comprendre, échanger) afin de les rendre “saines et robustes pour les temps de crise économique et écologique dans lesquels nous entrons”.

Une transformation aussi fatidique que celle qui doit aboutir à une organisation nouvelle, sortie des énergies fossiles et épargnant la nature et ses ressources, fera des perdants. Ces perdants doivent être nommés, ce que seuls osent les femmes et les hommes d’État. C’est pour ces perdants, en premier lieu, qu’il faut travailler”, déclare le think tank dans un document de 50 pages qui explique sa démarche.

The Shift Project lance également une campagne de crowdfunding, espérant lever 400 000 euros nécessaires au projet (initialement, la campagne visait à lever 100 000 euros, somme rapidement atteinte). A l’heure où nous écrivons ces lignes, la collecte a permis de recueillir plus de 305 000 euros.

1 commentaire

L’écolophile 26 mai 2020 - 22 h 22 min

Très enthousiasmant !

Répondre

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.