Plus de 820 millions de personnes souffrent encore de la faim aujourd’hui dans le monde. Ce chiffre, reparti à la hausse depuis 2015, montre toute l’étendue du travail qu’il reste à faire pour éradiquer la sous-alimentation.
Après des décennies de baisse, les chiffres de la faim dans le monde – mesurés par la prévalence de la sous-alimentation – ont repris une courbe ascendante en 2015, selon le rapport intitulé « L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2019 – Se prémunir contre les ralentissements et les fléchissements économiques », publié par la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.
En parallèle, le nombre de personnes souffrant de la faim s’est lui aussi accru. Résultat : plus de 820 millions de personnes dans le monde souffraient toujours de la faim en 2018, ce qui souligne l’immensité du défi à relever si l’on veut atteindre l’objectif « Faim zéro » d’ici à 2030. Cet objectif « Faim zéro » est en effet le deuxième des 17 objectifs de développement durable (ODD) que les États membres des Nations unies se sont engagés à atteindre d’ici 2030.
Le rapport prend également en compte un nouvel indicateur : la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée, évaluée selon l’échelle de mesure de l’insécurité alimentaire vécue (FIES). Alors que l’insécurité alimentaire grave est associée à la notion de faim, les personnes en situation d’insécurité alimentaire modérée ne sont pas certaines de pouvoir se procurer à manger et sont contraintes de réduire la qualité et/ou la quantité des aliments qu’elles consomment.
Si l’on additionne l’ensemble des personnes dans le monde en situation d’insécurité alimentaire modérée à celles qui souffrent de la faim, on estime que plus de 2 milliards de personnes ne disposant pas d’un accès régulier à des aliments sains et nutritifs en quantité suffisante. En premier lieu concentrée dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, l’insécurité alimentaire frappe aussi 8% de la population en Amérique du Nord et en Europe.
L’Asie, première zone du monde en nombre de personnes sous-alimentées
L’analyse de la répartition de la population sous-alimentée selon les régions du monde montre que la majorité de ces personnes (plus de 500 millions) vivent en Asie. Le nombre augmente de façon régulière en Afrique, où il atteint presque 260 millions de personnes en 2018, dont plus de 90% vivent en Afrique subsaharienne.
En Asie, la sous-alimentation a baissé de façon régulière dans la plupart des régions, atteignant 11,3% en 2018. Seule l’Asie de l’Ouest fait exception, avec une prévalence en hausse depuis 2010 et qui atteint aujourd’hui plus de 12% de la population. Ce chiffre la classe en deuxième position en Asie, derrière l’Asie du Sud qui, malgré de grands progrès ces cinq dernières années, demeure la sous-région où la sous-alimentation est la plus élevée, à presque 15%.
À l’intérieur de la région Asie de l’Ouest, la différence est saisissante entre les pays touchés par les soulèvements populaires dans les États arabes et d’autres conflits, et les pays épargnés par ces perturbations. Dans les premiers, en effet, on constate une augmentation de la prévalence, qui passe d’une valeur déjà haute de 17,8% à 27% entre 2010 et 2018, ainsi qu’un quasi-doublement du nombre de personnes sous-alimentées sur cette même période. Dans les autres pays de la région, en revanche, la sous-alimentation reste stable sur toute la période.
Sous-alimentation : l’Afrique victime de la pauvreté, des conflits et des sécheresses à répétition
Selon le rapport de la FAO, l’Afrique représente la région où la prévalence de la sous-alimentation est la plus élevée, puisqu’elle atteint près de 20%. La faim est en effet repartie à la hausse dans presque toutes les sous-régions de ce continent. Seule l’Afrique australe est en baisse entre 2017 et 2018.
La pauvreté est une des causes de cette malnutrition. Dans son rapport, la FAO note que, « avec une incidence de la pauvreté de 41%, l’Afrique subsaharienne comptait 56% du total mondial des personnes vivant dans une extrême pauvreté en 2015, d’après le Groupe de la Banque mondiale. Cela étant, le problème ne se résume pas à l’extrême pauvreté. Même les pays dotés d’importantes ressources naturelles dans ces régions enregistrent toujours des taux élevés de sous-alimentation, ce qui porte à croire qu’un facteur plus déterminant est à l’œuvre, touchant à la structure des systèmes alimentaires, et qu’il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la distribution et la consommation alimentaires ».
La présence de conflits armés et les sécheresses sont des facteurs aggravants. Dans les pays d’Afrique subsaharienne en conflit, par exemple, le nombre de personnes sous-alimentées a augmenté de 23,4 millions entre 2015 et 2018, soit une hausse nettement plus forte que dans les pays épargnés par les conflits.
Les pays d’Afrique subsaharienne classés comme étant sensibles à la sécheresse ont vu leur taux de prévalence de la sous-alimentation augmenter, passant de 17,4% à 21,8% au cours des six dernières années, alors que, sur la même période, ce taux baissait (de 24,6% à 23,8% en moyenne) dans les autres pays de la région. Quant au nombre de personnes sous-alimentées, il a augmenté de 45,6% depuis 2012 dans les pays sensibles à la sécheresse.
Consulter le rapport « L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2019 – Se prémunir contre les ralentissements et les fléchissements économiques » de la FAO.
Crédit photo de Une : Sankalpa Joshi / Pexels